Pierre Thomas, fondateur en 2016 de l’entreprise Clair d’Alu, nous a accordé un entretien. Clair d’Alu est située à Aix-en-Provence et réalise des menuiseries complexes, toujours dans le même matériau qui fait partie du nom de cette société.
CoFaber : D’où vient le nom de votre entreprise, Clair d’Alu ?
Pierre Thomas : Je ne voulais surtout pas d’un nom classique type « alu-tech » ou quelque chose du même style, mais plutôt un nom de marque plutôt recherché. Je me suis donc inspiré de la notion de clair de jour, qui désigne le trou dans une façade destiné à l’emplacement d’une fenêtre.
C : Quels sont les produits et services que propose Clair d’Alu ?
PT : Nous n’avons pas de limite dans ce qu’on peut proposer en matière de menuiseries aluminium. Nous travaillons principalement sur des chantiers très techniques, avec des produits de haute technologie, en aluminium dans 95% des cas. Nous utilisons autrement des menuiseries en bois pour les 5% qui restent.
Pour les fenêtres, je peux vous citer par exemple les menuiseries à ouvrant caché qu’on utilise. « Ouvrant caché », cela signifie que la partie mobile de la fenêtre se juxtapose au dormant, de telle sorte que l’ouvrant est invisible de l’extérieur.
Nous faisons beaucoup de fenêtres en châssis composés pour répondre aux contraintes des grandes dimensions, et aussi des fenêtres pivotantes pour les mêmes raisons ainsi que pour des contraintes de poids. Dans la même catégorie des menuiseries non standard, nous installons des portes sur pivot désaxé, ce qui consiste à déporter l’axe de rotation lorsque la porte s’ouvre. Cela apporte une grande aisance dans la manipulation des portes massives et lourdes.
Verrière et portes sur pivot désaxé
C : Qui sont vos clients ?
PT : Nous travaillons pour des bâtiments résidentiels et pour le tertiaire, mais jamais en direct avec le client final. Nous passons systématiquement par des cabinets d’architectes. Ce sont en fait eux nos clients. J’ai pour ma part une obligation de résultat envers eux tout en ayant une liberté totale sur le choix des produits et techniques à mettre en œuvre.
C : Et pourquoi avoir choisi l’aluminium ?
PT : L’aluminium est un matériau >très technique et très intéressant à travailler. Pour moi, le PVC est un sous-produit, avec des soudures apparentes, des possibilités de montage très réduites, … il n’y a pas besoin de savoir-faire pour le PVC. C’est un matériau qui convient bien au logement collectif, avec de bonnes propriétés d’isolation thermique, mais ça s’arrête là.
L’aluminium, c’est d’abord un métal, avec une bonne résistance mécanique, moins de masse vue que le PVC ou le bois et une coupe d’onglet au 1/5ème de mm près. Il peut être thermolaqué avec une cinquantaine de finitions possibles et un niveau de personnalisation qu’on ne peut pas trouver ailleurs. On est contraint à un minimum de 12 cm de largeur de face vue pour les fenêtres en PVC ou en bois, là où on peut descendre à 7 cm pour l’alu.
Fermetures aluminium en angle de façade
C : Mais est-ce que l’aluminium s’adapte à tous les styles ? par exemple, à une maison traditionnelle bretonne ?
PT : Absolument, l’aluminium peut avoir un aspect très contemporain, mais aussi une variété extraordinaire de rendus, avec des couleurs franches qui conviennent très bien aux maisons traditionnelles : du jaune, du rouge, du bleu, … cela va très bien avec les maisons bretonnes en granite par exemple. Il n’y a vraiment pas de limite à l’emploi ! On peut même faire laquer l’aluminium avec des couleurs bois.
En plus, avec la mise en place de la barrette en polyamide qui fait office de rupture de pont thermique sur les fenêtres en alu depuis maintenant une vingtaine d’années, on obtient des performances d’isolation thermique qui n’ont plus rien à envier au PVC.
Pierre Thomas : "L'aluminium s'adapte à tous les styles".
C : Comment choisissez-vous vos fournisseurs ? Ce sont tous des fabricants ?
PT : J’ai deux critères principaux : en 1) la qualité de fabrication et en 2) la capacité de répondre à des demandes hors normes. Nous travaillons principalement sur des chantiers hors normes. Il faut donc que les fournisseurs sachent sortir des standards et être flexibles dans la fabrication des produits. Très peu de fournisseurs remplissent ces deux critères.
Je travaille à la fois avec des fabricants et des industriels en préfabrication qui peuvent fournir des éléments de pose de la structure à assembler sur le chantier. Pour vous donner un exemple, j’ai récemment demandé à un fournisseur de me fournir des pièces conditionnées en fagot à assembler sur le chantier, pour des problématiques de transport. Je ne passe jamais par un intermédiaire.
Verrière de cuisine
C : Qu’est-ce qui fait qu’on est dans un cas de fabrication et pose de menuiserie « hors normes » ? les dimensions ?
PT : Cela peut être effectivement les dimensions qui font qu’on devient obligé de mettre de côté les fabrications standard ; cela peut être aussi la typologie du châssis ou un renfort qui correspond à un besoin particulier, … Les contraintes peuvent venir du miroitier, du vitrage, du transporteur ou encore du chantier et de la mise en œuvre. J’ai dernièrement été amené à poser une pièce de 600 kg à elle seule !
Menuiseries aluminium en dimensions non-standard
C : Est-ce que vous travaillez en rénovation ?
PT : C’est très rare. Le remplacement de fenêtre, c’est un sous-marché pour lequel nous ne sommes pas adaptés. C’est plus pour des entreprises qui vont chercher un marché de masse, sur lequel il n’y a pas besoin de beaucoup de savoir-faire. Le remplacement nécessite juste de réinstaller une fenêtre de la même dimension dans un trou déjà en place. La construction, en revanche, demande bien plus de compétences : il faut travailler sur plan, communiquer avec plusieurs corps d’état, les bureaux d’étude, parfois toucher au DAO, …
Baie vitrée à galandage aluminium. Cette technique de pose permet d'effacer complètement la masse vue par encastrement du cadre dans le support.
C : Combien êtes-vous chez Clair d’Alu et quels sont les rôles de chacun ?
PT : Nous sommes trois personnes dans cette entreprise. Moi, je suis un peu l’homme à tout faire et je travaille avec une équipe de pose de deux personnes. Je m’occupe beaucoup de vérifier l’état du support des menuiseries pour que cela corresponde à mes règles de l’art. On parle ici de maçonnerie, cela compte pour beaucoup dans la qualité de l’installation finale. On tombe de plus en plus souvent sur des supports maçonnés catastrophiques et cela aboutit à un refus de support de notre part, donc à des complications. Du coup, on réfléchit sérieusement à faire nous même nos propres supports et à budgétiser cette prestation.
Je vais aussi vous parler d’une spécialisation de Clair d’Alu, les châssis minimalistes. C’est aujourd’hui un marché de niche. Le principal atout du châssis minimaliste, c’est que cela permet d’encastrer totalement le cadre de la menuiserie dans le doublage, de sorte qu’on efface complètement la masse vue. Sur ce type de châssis, la chicane ne fait que 2 cm de large pour un châssis pouvant aller jusqu’à 6 m de haut !
Une des spécialisations de Clair d'Alu, les menuiseries avec châssis minimaliste. Pierre Thomas : "La chicane ne fait que 2 cm de large pour un châssis pouvant aller jusqu’à 6 m de haut !"
C : Quel a été votre parcours pro avant de fonder Clair d’Alu en 2016 ?
PT : J’étais technico-commercial dans les produits périphériques à la menuiserie en général, dans une entreprise d’abord familiale qui s’est ensuite faite rachetée. C’est à 55 ans que j’ai quitté le statut de salarié pour fonder Clair d’Alu. Avec cette entreprise, je travaille avec mon matériau coup de cœur pour les menuiseries et je mise sur le haut de gamme et l’excellence dans le savoir-faire.
Terrasse en verre et aluminium, une des réalisations techniques complexes de Clair d'Alu.
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