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Envie de mettre une touche artistique dans l’aménagement de votre intérieur ? Le vitrail est là pour ça ! CoFaber est allé à la rencontre d’Audrey Chambon, artiste du verre, à l’atelier Lengaï situé dans le 14ème arrondissement à Paris.

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Audrey Chambon, artiste du verre à l’Atelier Lengaï
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CoFaber : Audrey, pouvez-vous nous dire en quelques mots en quoi consiste votre travail ?

Audrey Chambon : Mon travail, c’est la création de vitrail sous toutes ses formes. Cela consiste principalement à faire de l’assemblage de pièces en verre travaillées suivant diverses techniques. On enchâsse ces pièces dans une structure de plomb en H que l’on soude à l’étain. Le vitrail est ensuite inséré dans une structure existante ou créée pour les besoins de celui-ci.

Je travaille aussi sur la restauration de vitraux abîmés, c’est un travail intéressant bien que je préfère créer et réaliser mes propres créations.

 

C : Quelle est votre typologie de client ?

AC : Mes clients peuvent être des particuliers, des entreprises, des syndicats de copropriété ou encore des établissements publics ou religieux. Par exemple, j’ai récemment travaillé pour un cabinet d’avocat situé au Luxembourg. Dans un tout autre registre, j’ai pris en charge des chantiers de restauration comme la remise en état du grand vitrail art déco de la CPAM de Bergerac en Dordogne.

 

C : Le Luxembourg, ce n’est pas tout près. Vous vous déplacez souvent pour vos clients ?

AC : Ça arrive, oui, j’essaye le plus souvent d’être présente sur le lieu d’installation des pièces. Typiquement, la réalisation des vitraux est effectuée en atelier. L’intégration de l’œuvre sur les lieux peut être faite seule ou bien en collaboration avec d’autres corps de métiers qui auront travaillé en amont, comme des ferronniers ou des menuisiers.
Le vitrail reste aujourd’hui un marché de niche, il faut donc être prêt à suivre la demande là où elle est. C’est aussi important de se rendre sur place pour pouvoir bien conseiller le client en prenant en compte son environnement et l’ambiance des lieux tout autant que ses envies.

 

C : Justement, quelles sont les étapes clés de création et de pose d’une œuvre ?

AC : Tout commence par une discussion avec le client autour du projet. Il faut bien comprendre que chaque réalisation est unique et sur-mesure. La dimension créative est donc centrale pour chaque commande.
Après avoir cerné les attentes client, je prends les mesures de la surface où va venir s’intégrer le vitrail, ce qui va me permettre de réaliser une maquette au 1/10. Cette maquette définit les textures, motifs et couleurs du futur vitrail, mais aussi les tailles des pièces. La précision est primordiale, on est au 10ème de millimètre près !
Vient ensuite le travail de réalisation en atelier : découpe du verre, éventuellement peinture, cuissons, puis mise en plomb … les étapes et les techniques peuvent être très nombreuses suivant la pièce à produire.
Enfin, arrive le moment de la pose de la pièce dans sa structure.

 

C : Quels sont les cas typiques d’usage de vitrail dans l’habitat ou les locaux pro ?

AC : On peut utiliser le vitrail pour par exemple cacher un vis-à-vis ou une cour intérieure d’une manière belle et artistique, l’utiliser comme cloison pour laisser passer la lumière entre deux pièces, dans une cage d’escalier, sur des fenêtres ou même, pourquoi pas, pour du mobilier.
Bien souvent, le vitrail est posé en survitrage intérieur, afin de respecter les exigences en termes d’isolation. Il est ensuite fixé par des parecloses, baguettes ou mastic. En fait, tout dépend de la structure d’intégration.

 

C : Quels sont les différentes sortes de verres dont nous parlions un peu plus tôt ? Pouvez-vous nous donner un aperçu ?

AC : Il y a déjà une distinction à faire entre le verre artisanal et le verre industriel. Le verre artisanal, on le comprend facilement, est plus vivant que le verre industriel. Personnellement, j’aime autant travailler les deux types de verre.
Plus généralement, des variations sur le rendu peuvent être effectuées en jouant sur les textures, les opacités, les couleurs, les formes ou encore le relief. Les possibilités sont énormes !

 

Technique Tiffany de travail du verre

Réalisation d’une pièce en Tiffany. Cette technique du nom de son inventeur consiste à entourer les pièces par un ruban de cuivre fin en lieu et place du plomb, avant de les assembler par étamage.

 

C : Et les techniques de travail du verre ? quelles sont-elles ?

AC : En vitrail, nous travaillons à partir de plaques de verres qu’on va ensuite transformer par différents procédés : la coupe, la peinture sur verre, le sablage, le fusing et le thermoformage.
Dans le cas de la peinture sur verre, les pièces sont cuites pendant plusieurs heures pour fixer définitivement les pigments et il faut souvent plusieurs travaux de peinture et cuissons avant d’arriver au résultat final. C’est la technique utilisée dans la réalisation des vitraux des cathédrales. Au résultat, nous avons des œuvres qui traversent les siècles sans être altérées.
Le fusing est une technique de fusion et superposition de plusieurs pièces distinctes de verre de teintes et formes diverses afin d’obtenir une pièce unique. Là encore, on parle de plusieurs heures et étapes de cuisson à très haute température. Le thermoformage servira par la suite à donner à la pièce la forme désirée à l’aide d’un moule.
Le choix d’usage de ces techniques dépend de l’emplacement de la pièce dans son environnement. En effet, la distance de l’œuvre et l’orientation et l’intensité de la lumière impacteront beaucoup ce qu’on voit !

 

Audrey Chambon en atelier au poste de découpe du verre

Préparation de pièce de vitrail pour porte intérieure.

 

C : Pour terminer, parlons un peu de vous et de votre parcours. Qu’est-ce qui vous a amenée vers ce métier ? et pourquoi le verre précisément ?

AC : Je suis devenue artisane dans le vitrail après une reconversion pro. J’étais avant cela dans le domaine de la communication. Ayant depuis toujours eu un goût prononcé pour les arts, j’ai eu envie de me diriger vers un métier artistique. Grâce à un Fongecif, j’ai pu effectuer une formation professionnelle chez un maître verrier à Paris pendant un an.
Et pour répondre à « pourquoi le verre », je dirais que j’avais vraiment envie de réaliser des créations qui se voient bien. Et quoi de mieux que le vitrail pour cela ? On ne peut vraiment pas le louper ! L’effet « Waouh ! » du verre traversé de lumière est pour moi plus intense que pour d’autres matériaux. Le vitrail me fait briller les yeux comme une enfant.
Il reste malgré cela un gros travail à faire pour amener les gens vers cet art du fait parfois d’une image soit un peu vieillotte soit un peu kitsch.

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