Enduit Lenoir : travaux d'imitation de pierre à partir d’enduit décoratif à la chaux

 

CoFaber : Vous travaillez avec un produit bien spécifique, à la fois naturel, mais fait pour réaliser des imitations. Comment en êtes-vous arrivé à faire ce choix ?

Guillaume Lenoir : Le concept de base de ce produit consiste à faire de la reconstitution de pierre. Pour moi, l’histoire a commencé avec une maison dans le Larzac à vocation touristique. Je m’étais à l’époque, en 2006, rapproché de l’enseigne Decopierre qui avait lancé ce produit dès 2004, dans l’idée de rénover cette maison et de proposer aussi à cette entreprise de créer un showroom pour eux.
Ce projet n’avait pas eu de suite alors, mais deux ans plus tard, mon contact Decopierre m’a rappelé pour me proposer de me former sur les techniques d’application de leur enduit à base de chaux pour prendre en main la zone Aveyron. J’avais vraiment apprécié cette démarche de sa part. Au bout de trois mois de formation, j’avais acquis le savoir-faire de base pour me lancer en portage salarial. La demande sur mon secteur était bien au rendez-vous, et cela m’a permis de me lancer très vite, au bout d’un an à peine, en créant ma propre entreprise.
J’avais avant cela toujours travaillé dans le domaine artistique, et cela a du sens dans mon travail aujourd’hui. Je constate que ce sont les personnes qui ont un vrai profil artistique qui réussissent le mieux dans ce métier. Je suis féru de tout ce qui est son, lumière, matières, … et j’aime apprendre par l’action, au travers de mes créations successives.
Cela fait maintenant dix ans que je suis dans ce métier et cela me plaît toujours car les demandes sont très variées. Les rendus possibles sont illimités, de même pour les matières, les supports d’application, les choix de décoration avec les pierres à imiter, … L’Aveyron est un vaste département où nous avons une grande variété de pierres naturelles, pour autant d’imitations à réaliser.

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C : Vous êtes seul dans votre entreprise ?

GL : Le métier que je fais demande beaucoup de créativité, de patience, ainsi que de la précision dans l’exécution. Tout est fait à la main et sur-mesure, la matière est sculptée dans la masse. La plupart des belles réalisations que je vois autour de moi sont faites par des artisans qui travaillent seuls ou en petite équipe de deux.
Cela devient tout de suite difficile de coordonner les actions quand on monte à trois ou quatre personnes ou plus, au vu des exigences de ce métier. C’est différent du métier de façadier par exemple, où les réalisations sont plus systémiques et où on peut donc aller beaucoup plus vite. C’est aussi une activité qui demande beaucoup de flexibilité au niveaux des horaires, bien souvent avec des déplacements mais aussi en fonction de la météo à laquelle l’on doit s’adapter.
C’est pour cette raison que je préfère rester seul, mais si vous pensez avoir ce profil, vous pouvez toujours me contacter.

Imitation pierre pour façade avec fenêtre, en limite de terrasse

 

C : Pouvez-vous me parler du produit en lui-même ?

GL : Je trouve ce concept assez révolutionnaire : on part d’un produit ancestral, la chaux, qu’on retrouvait déjà dans l’Égypte ancienne, mais pour l’employer à un usage tout à fait inversé. Jusqu’à très récemment, ce matériau était utilisé pour la protection des pierres naturelles et l’isolation des murs. C’est comme cela qu’on distinguait par exemple les maisons d’habitation des granges et des bergeries. Aujourd’hui, on reconstitue des murs en imitation de pierre à partir de produits à base de chaux. Je trouve amusant ce changement radical dans l’usage : avec la chaux, on fait tout et son contraire !

Réalisations en intérieur et en extérieur

 

C : Comment se fait la préparation du produit avant la pose ? est-ce sur place ou sur le lieu du chantier ?

GL : En règle générale, on réalise la préparation et la projection directement sur place, sauf s’il y a des moules ou des pièces spécifiques à poser. Dans ce cas-là seulement, ces pièces peuvent être réalisées en atelier au préalable. On passe le temps qu’il faut pour préparer le support, on ne fait pas la même préparation si on veut projeter sur du Siporex ou sur du plâtre ou de l’agglo, et il faut aussi sonder le support dans sa solidité de fixation.
Une fois la surface de support entièrement prête, alors seulement on peut commencer la préparation du produit puis la projection de la gâche. Celle-ci est variable en fonction du support.

Réalisation décorative d'un triskell en façade de maison

 

C : et l’application du produit ?

GL : Concernant les techniques de projection, il faut savoir qu’il y a énormément de variations possibles en fonction de la pierre qu’on veut imiter, en appliquant par exemple plusieurs couches de couleurs différentes, ou en utilisant des outils très divers.
Je travaille pour ma part avec des enduits blancs ou de couleurs très claires, que je mélange à des pigments. Cela me permet de varier les couleurs et teintes à souhait et d’éviter les pertes de produit en fin de chantier. Je fais plusieurs passes dans un ordre particulier selon que le joint soit plus foncé que la pierre ou l’inverse. En utilisation ordinaire, je fais entre 15 m² et 20 m² par jour suivant la régularité des surfaces.

Croix occitane en imitation pierre

 

C : Sur quels types de bâtiments est-ce que vous intervenez le plus souvent ?

GL : Il n’y a pas vraiment de chantier type. Cette solution déco est aujourd’hui relativement connue depuis son entrée sur le marché en 2004. À cette date, on la faisait connaître par des salons de l’habitat et de la pub. Aujourd’hui, on m’appelle essentiellement par bouche-à-oreille. Les gens voient autour d’eux des réalisations et veulent parfois la même chose pour leur maison. C’est particulièrement vrai dans les lotissements, où les envies d’enduit à la chaux sont très contagieuses. Les demandes viennent beaucoup de particuliers qui font des extensions, par exemple des agriculteurs qui souhaitent embellir leur logement un peu abîmé par le travail agricole ou des propriétaires de gîtes et chambres d’hôtes. Citons aussi les chantiers dans le neuf qui constituent 10% à 20% de mon activité et enfin les demandes pour des locaux professionnels : devantures de magasins, restaurants, coiffeurs, … mais c’est plus anecdotique.

Les possibilités d'imitation de pierre sont très nombreuses

 

C : Comment est-ce que vous vous coordonnez avec les autres corps d’état ? est-ce que vous arrivez toujours à la fin ?

GL : Je réalise un travail de finition, donc oui, je suis celui qui intervient à la fin du chantier. Il y a quand même une exception pour les façadiers. En général, les gens ne me demandent pas d’appliquer l’enduit décoratif sur tous les murs de la maison car cela reste quand même relativement cher. Typiquement, sur quatre murs, je vais travailler sur un ou deux murs uniquement, les murs à vivre. Les autres murs sont laissés aux soins du façadier qui, lui, réalise un travail plus rapide, par équipe de trois, sauf exception sur de petites surfaces.

Guillaume Lenoir : "En général, les gens ne me demandent pas d’appliquer l’enduit décoratif sur tous les murs de la maison"

 

C : Quelles sont les pierres que vous imitez le plus souvent ?

GL : En extérieur, c’est imitation pierres régionales. Il faut surtout respecter le PLU (Plan Local d’Urbanisme) avec des critères au niveau des teintes et des contraintes sur les bâtiments classés. Il faut donc de préférence se renseigner en mairie. Bien souvent, on imite les pierres naturelles qu’on voit dans le voisinage du chantier. En intérieur en revanche, il n’y a absolument aucune contrainte, c’est juste une question de goût.
On va retrouver beaucoup de pierres calcaires et pierres de Causse. C’est un type de pierre relativement simple à imiter. Ensuite, on a les pierres volcaniques : du basalte, légèrement bleuté, de la pierre de tuf, pierre légère et spongieuse que j’aime beaucoup, du schiste, pierre noire et striée. Il y a aussi le granit, dans le nord Aveyron, assez compliqué à imiter du fait de la présence de nombreux cristaux. On retrouve enfin une pierre particulière dans la région de Millau, la pierre bleue, très belle mais qui ne supporte pas le gel, et qu’on va donc souvent imiter avec de l’enduit.
C’est la façon de projeter l’enduit, avec un sablon ou autre machine à projeter, suivi de techniques de finitions qui vont permettre de créer l’imitation de toutes ces pierres. On fait varier à la fois le débit et la vitesse de projection.

 

C : Quelle est votre zone d’intervention type ?

GL : Je suis situé au sud de Millau, j’interviens généralement sur le triangle Saint-Affrique – Rodez – Millau. Ceci étant dit, je ne suis pas du tout opposé aux déplacements. Je suis récemment intervenu à Clermont-Ferrand, au Cap d’Agde, à Saint-Tropez, à Toulouse ou encore en région parisienne.

Réalisation de murs en imitation pierre pour la pièce de vie d'une maison de campagne

 

C : Est-ce que vous travaillez en collaboration avec des architectes ou des décorateurs ?

GL : Oui, cela s’est fait petit à petit. Ce sont eux qui sont venus me chercher lorsqu’ils ont vu quelques-unes de mes réalisations. D’abord les architectes d’intérieur et les décorateurs, puis les architectes, de plus en plus. Je capitalise sur mon expérience avec mon côté artistique pour viser le haut de gamme et sur cette tranche, cela passera forcément par un architecte.

Contour d'un hublot de maison en imitation pierre

 

C : Peut-on fournir une fourchette de prix de vos prestations et dire ce qui fait varier les montants ?

GL : Commençons déjà par la préparation du support, cela peut varier entre 15 € / m² et 30 € / m². Ensuite, il peut y avoir une sous-couche, c’est en moyenne 15 € / m², puis prendre en compte la préparation du chantier, et enfin la réalisation à proprement parler. Pour une pierre calcaire, c’est assez facile, mais pour des pierres plus complexes à réaliser comme le granit, le prix est plus élevé.
Je donne en général un montant de référence de 120 € / m². Cela permet aux gens d’estimer facilement et rapidement en multipliant par la surface à réaliser. Je dois aussi vous dire que souvent je suis amené à effectuer des travaux annexes à l’occasion ; par exemple, refaire la peinture d’un avant-toit ou une pose dépose de descente de gouttière, …

Réalisation pour un barbecue en terrasse

 

C : Quelle est en moyenne la durée d’un chantier ?

GL : Dans la majorité des cas, je suis sur des chantiers d’une semaine. Cela représente en général un petit salon, des surfaces inférieures à 50 m². Typiquement, c’est un ou deux murs pour une surface totale comprise entre 20 m² et 40 m². Cette durée inclut bien sûr tout le travail de protection du chantier et le nettoyage après travaux, ce sont des tâches non négligeables.
Les chantiers les plus longs, c’est les chantiers en extérieur, cela peut aller jusqu’à un mois ou même un mois et demi. C’est là que très souvent on doit d’une part prendre en considération des éléments supplémentaires en façade, et d’autre part répondre à des demandes de prestations annexes, généralement de l’amélioration de petite maçonnerie.
L'intérêt est toujours d’apporter solutions et prestations de qualité pour nos clients dans la réalisation de leurs projets.

Simulation de l'érosion sur la pierre pour un rendu plus vrai que nature !

 

Crédit photo : e.c.photographie